la paix s’avéra cependant de courte durée, car à la fin de 1798 une nouvelle coalition dirigée contre la France fut formée (la guerre de la Deuxième Coalition, 1798-1802). Cette fois, la Prusse est restée neutre. Frédéric-Guillaume III, un souverain consciencieux et modeste mais inefficace, se distinguait par sa moralité privée plutôt que par son habileté politique. Le gouvernement de Berlin a dérivé d’avant en arrière, tâtant dans des réformes économiques et administratives mineures sans améliorer considérablement la structure de l’état., Une décennie de neutralité a été gâchée pendant que les commandants de l’armée se reposaient sur les lauriers de Frédéric Le Grand. L’autriche, d’autre part, a joué le même rôle de premier plan dans la Guerre de la Deuxième Coalition qu’il a fait dans la Guerre de la Première Coalition, avec le même résultat malheureux. Les victoires françaises de Marengo (14 juin 1800) et de Hohenlinden (3 décembre 1800) obligent L’empereur François II à accepter le Traité de Lunéville (9 février 1801), qui confirme la cession de la Rhénanie., Plus que cela, les dirigeants qui ont perdu leurs biens sur la rive gauche aux termes de la paix devaient recevoir une compensation ailleurs dans l’empire. Afin de procéder à cette redistribution du territoire, la Diète impériale confia à un comité de princes, la Reichsdeputation, la tâche de dessiner une nouvelle carte de l’Allemagne. La France, cependant, a exercé la plus grande influence sur ses délibérations. Napoléon avait décidé d’utiliser le règlement des revendications territoriales pour modifier fondamentalement la structure du Saint-Empire romain germanique., Le résultat fut que la suspension définitive (Hauptschluss) de la Reichsdeputation de février 1803 marqua la fin de l’ancien ordre en Allemagne. Dans leur tentative d’établir une chaîne d’États satellites à l’est du Rhin, les diplomates français ont provoqué l’élimination de la plus petite et la moins viable des composantes politiques de l’Allemagne. Ils ont également favorisé le processus de consolidation nationale, car la fragmentation de l’autorité civique dans l’empire avait été un pilier du particularisme. Que Napoléon n’ait pas l’intention d’encourager l’unité entre ses voisins va de soi., Pourtant, il prépara involontairement la voie à un processus de centralisation en Allemagne qui contribua à contrecarrer ses propres plans pour l’agrandissement futur de la France.
Les principales victimes de la pause finale étaient les villes libres, les chevaliers impériaux et les territoires ecclésiastiques. Ils sont tombés par dizaines. Trop faibles pour être des alliés utiles de Napoléon, ils furent détruits par l’ambition de leurs conquérants français et par la cupidité de leurs voisins allemands., Ils pouvaient encore se vanter de leur histoire ancienne en tant que membres souverains du Saint-Empire romain germanique, mais leur existence continue était devenue incompatible avec un gouvernement efficace en Allemagne. Les principaux héritiers de leurs possessions étaient les grands états secondaires. Pour être sûr, Napoléon ne pouvait pas empêcher L’Autriche et la Prusse de faire quelques gains dans la course générale pour le territoire qu’ils avaient contribué à rendre possible. Mais il a travaillé à agrandir ces dirigeants allemands, la plupart d’entre eux dans le Sud, qui étaient assez forts pour être des vassaux précieux mais pas assez forts pour être des menaces potentielles., La Bavière, le Wurtemberg, le Bade, la Hesse-Darmstadt et Nassau ont été les grands gagnants de la compétition pour le butin qui avait été l’objet principal des négociations. La stratégie de Napoléon s’inscrit dans la tradition classique de la diplomatie française, celle de Richelieu et de Mazarin. Les princes avaient été opposés à l’empereur pour renforcer le rôle que Paris pouvait jouer dans les affaires des États allemands. Pourtant, les princes allemands ne voulaient pas être utilisés comme des pions dans un jeu politique pour promouvoir les intérêts d’une puissance étrangère., Toutes les objections qu’ils soulevaient contre le règlement de 1803 étaient fondées sur l’opportunisme et l’opportunisme. L’accusation la plus grave de l’ordre ancien était qu’à l’Heure de son effondrement imminent, aucun des dirigeants n’a tenté de le défendre au nom du bien-être général de l’Allemagne.
la dernière pause était l’avant-dernier acte de la chute du Saint-Empire romain germanique. La fin est venue trois ans plus tard. En 1805, L’Autriche rejoint la troisième coalition de grandes puissances déterminées à réduire la prépondérance de la France (entraînant la guerre de la Troisième Coalition, 1805-07)., L’issue de cette guerre fut encore plus désastreuse que celles des guerres des première et deuxième coalitions. Napoléon a forcé la principale armée des Habsbourg en Allemagne à se rendre à Ulm (17 octobre 1805); puis il est descendu sur Vienne, occupant la fière capitale de son ennemi; et enfin il a infligé une défaite écrasante (2 décembre 1805) aux armées combinées russe et autrichienne à Austerlitz en Moravie (maintenant en République tchèque)., Avant la fin de l’année, François II a été contraint de signer l’humiliant Traité de Pressburg (décembre 26), qui a mis fin au rôle dominant que sa dynastie avait joué dans les affaires de l’Allemagne. Il dut céder ses possessions dans l’ouest de l’Allemagne au Wurtemberg et au Bade, et la province du Tyrol à la Bavière. La stratégie de Napoléon de jouer princier contre les ambitions impériales s’était avérée un brillant succès. Les dirigeants des états secondaires du Sud l’avaient soutenu dans la guerre contre L’Autriche, et dans la paix qui s’ensuivit, ils furent richement récompensés., Non seulement ils partageaient le butin saisi aux Habsbourg, mais ils étaient également autorisés à absorber les villes libres restantes, les petites principautés et les territoires ecclésiastiques. Enfin, affirmant les droits de pleine souveraineté, les souverains de Bavière et de Wurtemberg ont pris le titre de roi, tandis que les souverains de Bade et de Hesse-Darmstadt se sont contentés du rang plus modeste de Grand-Duc., Les derniers vestiges de la constitution impériale avaient été détruits et L’Allemagne était prête pour une nouvelle forme d’organisation politique reflétant les rapports de pouvoir créés par la force des armes.
au cours de l’été 1806, 16 des états secondaires, encouragés et poussés par Paris, annonçaient qu’ils formaient une association distincte qui serait connue sous le nom de Confédération du Rhin., L’archevêque Karl Theodor von Dalberg devait présider la nouvelle union en tant que” Prince primat », tandis que les délibérations futures entre les membres devaient établir un collège des rois et un collège des princes en tant qu’organes législatifs communs. Il a même été question d’un « statut fondamental” qui servirait de constitution à une Allemagne rajeunie. Pourtant, tous ces plans courageux n’ont jamais été qu’une façade pour la dure réalité de l’hégémonie étrangère en Allemagne., Napoléon a été proclamé le « protecteur » de la Confédération du Rhin, et une alliance permanente entre les États membres et l’Empire français a obligé le premier à maintenir des forces militaires importantes dans le but de la défense mutuelle. Il ne pouvait y avoir aucun doute sur les intérêts que ces troupes serviraient. Les dirigeants secondaires de l’Allemagne devaient rendre un bel hommage à Paris pour leur souveraineté fictive nouvellement acquise., Le 1er août, les États confédérés proclamèrent leur sécession de l’empire, et une semaine plus tard, le 6 août 1806, François II annonça qu’il déposait la couronne impériale. Le Saint-Empire romain germanique prit ainsi officiellement fin après une histoire de mille ans.